Photos: Le premier vidéoclip des Birdbones tourné à l'abattoir

Fumée, calicots, poings levés... une cinquantaine de manifestants ont défilé hier à plusieurs reprises dans la cour de l'abattoir de Hollerich à Luxembourg. Loin des regards curieux mais face à la caméra. Car ces figurants se révoltaient uniquement pour les besoins du tournage du premier clip vidéo du groupe luxembourgeois Birdbones. Sa chanteuse, Deborah Lehnen, a même été contrainte d'apprendre les paroles de sa chanson à l'envers...

«Action!», crie Laurent Prim, jeune réalisateur en devenir de la scène cinématographique luxembourgeoise, avant que le monde ne se mette à tourner à l'envers. Une boule de verre à la main, la chanteuse des Birdbones, Deborah Lehnen, 20 ans, avance à reculons! Suivie de près par la caméra de Serge Benassutti, alors que, de chaque côté du plan filmé, défilent énergiquement des manifestants dans la fumée imitée des fumigènes. Le poing levé, toutes générations confondues. Chacun réclame sa part d'amour.

Les paroles d' Every single one of us (Chacun d'entre nous), le premier single du groupe luxembourgeois qui parle d'amour, sont inaudibles dans l'allée des anciens abattoirs de Hollerich aux murs tagués. Deborah Lehnen fait de son mieux pour que ses lèvres suivent ce charabia. «J'ai écouté notre morceau plusieurs fois à l'envers. Le rythme change et on a l'impression que ça devient plus lent», glisse la chanteuse qui garde son sourire et ses yeux rivés sur la caméra. Car l'objectif est clair: malgré la contrainte de taille, «il faut que ça ait l'air réel».



«En fait, on tourne à l'envers!», avoue le réalisateur. Avant d'expliquer: «Au montage, on retournera toute la vidéo de sorte que la chanteuse avancera tandis que tous les manifestants reculeront.» C'est l'astuce de la scène-clef du clip tourné en à peine deux jours, samedi et dimanche, à Hollerich.

Question de moyens, évidemment. Car «plus il y a de jours de tournage et plus ça coûte cher», résume Laurent Prim. Le projet du vidéoclip qui durera 4 minutes et 4 secondes au final, est financé pour un tiers par le Service national de la Jeunesse et pour deux tiers par des fonds propres et des dons. «Le problème c'est qu'il n'existe pas de grandes majors au Luxembourg et que nous ne sommes presque pas présents sur le marché. Mais on le fait pour le plaisir de l'enjeu», explique Paul Kohn, secrétaire de l'asbl Feierblumm Productions. Il s'agit d'une plateforme d'amis du cinéma «qui essaye de promouvoir de jeunes artistes et de leur permettre de réaliser leur projet». Avec les moyens du bord et beaucoup de bonne volonté. En coulisses, par exemple, un policier a bénévolement formé les figurants qui ont endossé le rôle des policiers chargés de stopper les manifestants. Dans un esprit coopératif, plusieurs dizaines d'amis, membres de la famille ou cinéphiles anonymes mettent leur temps à la disposition du projet.

Dans la foule, on croise par exemple Edmond et Marguerite. Ce sont les grands-parents de Dan Kramp, le guitariste du groupe Birdbones qui nous révélera que le vidéoclip arrivera sur les écrans «au début de l'été si tout va bien». Histoire de promouvoir le premier CD de six morceaux des Birdbones.

Texte et photos: Maurice Fick

www.myspace.com/listentobirdbones