L’ENFANT DU 20e CONVOI MALINES-AUSCHWITZ ÉTAIT DE PASSAGE À LUXEMBOURG.

CETTE VISITE LAISSERA DES TRACES CHEZ TOUTES LES PERSONNES QUI ONT RENCONTRÉ CET HOMME REMARQUABLE.


Dans le cadre de l'Holocauste Remembrance Day 2025, MemoShoah Luxembourg a accueilli Simon Gronowski, un survivant de la Shoah de Bruxelles. Il a donné une conférence publique au Cercle Cité devant une salle comble le 23 janvier 2025 et a rencontré 70 élèves avec leurs enseignants le lendemain. Dans les deux cas, les jeunes et moins jeunes ont été touchés par l'humanité, par l'humanisme de cet homme remarquable, par les valeurs profondes qu'il incarne et transmet. Ces valeurs ne sont pas issues d'études théoriques ou d'un quelconque endoctrinement moral, mais sont le fruit d'expériences vécues.


Simon a 11 ans quand il est arrêté le 17 mars 1943, jeté dans une cave de la Gestapo avenue Louise à Bruxelles, détenu un mois dans la Caserne Dossin à Malines et déporté ensemble avec sa mère, le 19 avril 1943 dans un wagon de marchandises du 20e convoi qui transportait 1631 Juifs de Malines au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau.


Ce transport est le seul en direction d’Auschwitz à avoir été arrêté, et ce, par trois résistants. Cet acte de résistance inédit dans l'histoire de la Shoah a conduit à l'évasion de 236 personnes et a permis à plus de 100 d'entre elles d'échapper au génocide juif. Simon Gronowski est le plus jeune évadé du transport n° 20.


LE SAUT VERS LA LIBERTÉ

Lorsque le train est reparti, des hommes du wagon dans lequel se trouvaient Simon et sa mère ont réussi à ouvrir la porte de l’intérieur. C’est à ce moment-là que la mère de Simon le réveille, le pousse et l’aide à sauter du train en marche. À la dernière minute, sa mère a un doute et dit en yiddish : "Le train va trop vite". Mais dès que le train ralentit, le petit Simon saute dans le vide, en espérant que sa mère le suivra. Néanmoins, le train avance et sa mère ne saute pas. Il ne la reverra plus jamais. Il suppose que sa mère ne voulait pas handicaper sa fuite, car elle l'aurait ralenti. Elle n'aurait pas été capable de courir comme lui. Aujourd'hui, il est convaincu que sa mère a donné sa vie pour sauver la sienne. Si elle lui avait demandé de rester dans le wagon, il n’aurait pas sauté et tous deux auraient été gazés à Auschwitz.


Cet événement extraordinaire s’est passé sur la commune de Borgloon, Looz en français. Pendant que Simon attend sa mère, le train s'arrête brusquement. Des gardes allemands courent dans sa direction en hurlant et en tirant des coups de feu. Puis, dans un moment presque inconscient, Simon s'enfuit vers la forêt et court toute la nuit. Au petit matin, il est recueilli par le gendarme Jean Aerts, qui lui assure qu'il le protégera.


Lorsque le 6 octobre 2024 une œuvre d'art est inauguré à Borgloon en l'honneur de Simon Gronowski, la fille de Jean Aerts est présente. « Nous étions prêts à aller à l'école et on a sonné à la porte », raconte-t-elle. « Ce petit garçon était à la porte et pleurait. Mon père lui a demandé ce qui n'allait pas, mais il n'a rien dit et a pleuré. Au poste de police, mon père a entendu dire que les gens avaient fui d’un convoi de juifs ». Jean Aerts n’a pas dénoncé Simon à la Gestapo et lui a permis de vivre.


La mère de Simon est assassinée à Auschwitz ainsi que sa sœur Ita. Son père meurt désespéré le 9 juillet 1945 suite à quoi Simon se retrouve seul au monde.


Afin de mieux appréhender le destin exceptionnel de Simon Gronowski, nous vous suggérons de lire son dernier livre paru aux Éditions Racine à Bruxelles en octobre 2024 intitulé "L'enfant du 20e convoi vers Auschwitz".


texte : Mil Lorang - photo : © Sébastien De Nys