Trixi Weis ou la quête du bonheur

La fantasque Trixi Weis est une personnalité très attachante de notre scène artistique. Sorte de Peter Pan, de petite chipoteuse comme la qualifie Beryl Koltz, de grande rêveuse, elle aime teinter ses productions d'une touche autobiographique et nous faire pénétrer dans un original, attendrissant et parfois bouleversant univers «weissien».

Si son talent et son inventivité la mènent aujourd'hui à exposer à travers le monde, elle reste cependant fidèle à l'invitation de galeries locales. Ainsi, nous la retrouvons actuellement dans les espaces du centre d'art Nei Liicht à Dudelange où l'artiste présente ses nouveaux travaux.

Le parcours de cette exposition nous donne l'impression de frapper à la porte de l'esprit de Trixi et de pérégriner d'un hémisphère cérébral à un autre en passant par la case «Bonheur». Dans chacune de ses installations, Trixi évoque sa quête personnelle du bonheur en nous faisant part de ses souvenirs, de ses aspirations et hésitations.

L'installation lumineuse et clignotante «I want you/ I don't want you» placée au dessus d'une porte fonctionne comme un détecteur d'humeur, d'amour et de désamour. L'artiste ici nous parle des relations de couple mais également de la désaffection que l'on peut éprouver envers l'autre, l'étranger, l'immigré. Ailleurs, une grosse marmite à confiture bout sur un réchaud, symbole du temps béni et irrévocablement perdu à chercher à atteindre un bonheur simple et éphémère.

«Home Thérapies»
Il y a également les délirantes vidéos de «Home Thérapies» où l'artiste met en scène différentes manières d'accéder au bonheur et à la sérénité. L'une consiste en l'absorption massive et illusoire de Vodka accompagnée d'une séance intense de tabagie alors que l'autre est une phase de recueillement mutilateur et méditatif puisque l'artiste se perce les ongles avec un fil de fer afin de réunir ses mains en un geste quasi-religieux.

Trixi Weis nous invite également dans son laboratoire personnel où incubent ses diverses sources d'inspiration. Là, elle rend un hommage éloquent à la grande Louise Bourgeois, une sorte de mentor pour l'artiste. Dans «Les gendarmes», Trixi propose le coït de deux punaises rouges. Trixi Weis revêt ici un petit habit de philosophe qui lui sied fort bien et semble nous dire, avec un fort accent nietzschéen, que pour vivre heureux, il faut vivre berné. En effet se bercer d'illusions, courir après le bonheur, le trouver dans des paradis artificiels ou dans un plaisir vain, tout cela est en somme salvateur et nous permet, pour notre plus grand bien, de ne pas voir la réalité en face.
Jusqu'au 16 octobre au Centre d'art Nei Liicht à Dudelange. Du mardi au dimanche de 15 à 19 heures.
(Par Nathalie Becker - foto:nicolas bouvy)