Premier prix du Concours reine Elisabeth 1983, le pianiste Pierre-Alain Volondat est un artiste d'exception qui sait illuminer et transfigurer la musique par une approche très personnelle, souvent hors norme, prodigieuse par sa recherche de vérité. Le public a pu récemment en prendre la mesure lors de son concert au Château de Bourglinster.
Adoptant des tempi parfois inattendus qui font ressortir le chant délicat de la phrase ou, au contraire, accentuant l'élan avec une joie vigoureuse qui emporte tout ce qui briserait le rythme virtuose, ce pianiste compose mouvement et couleurs; il donne sens au détail, souligne les inflexions, entraînant l'auditeur dans une vision qui se détache lumineusement des exécutions traditionnelles.
La sonate de Beethoven n° 17 en ré mineur, op.31 n°2, «La tempête», alterne le lent et le rapide, l'arpège lent du largo semblait sortir du silence comme une plainte; un motif de croches s'épanchait librement, les impressions se suivaient fortes, présentes, dans un jeu vivant et communicatif. Le pianiste semblait poser les nuances comme un peintre. L'adagio si grave, si réfléchi, se développait comme une pensée contemplative; le finale au mouvement continu frappait par l'importance donnée aux ruptures. La musique semblait dialoguer avec le silence.
Ayant étudié auprès de Vera Moore, élève d'une élève de Clara Schumann, Volondat est sans doute proche de l'expressivité pianistique de Schumann, dont il exprime le romantisme profond. «Les quatre marches» (op.76) de ce compositeur étaient traduites avec une joyeuse ardeur; le mouvement, dont le rythme pourrait être monotone, gagnait ici en relief, force et éclat dominaient dans les passages claironnants qui évoquent les émeutes de Dresde en 1849. On y aimait le caractère accentué de la marche, l'élan, les dosages sonores, la force généreuse de la quatrième marche, avec son fortissimo final triomphant.
Chopin entre nostalgie et brio
Chopin ne cessait de rêver de la Pologne, et ses Mazurkas à l'invention rythmique audacieuse relient sa nostalgie à la gaieté de la danse. La mazurka en sib majeur, op.7, était rendue avec panache, alternant légèreté bondissante et rythme plus accentué; la mazurka en ut dièse mineur, op.50 n°3, au début rêveur, offrait des moments d'une légèreté étincelante. Chopin nous revint avec deux valses, d'abord la grande valse brillante en mi bémol majeur, op.18: vraiment «brillante», elle enchaînait les motifs avec élan, rebondissait, étincelante et pleine de fougue. La valse en la bémol majeur, op. 34 n°1, expressive et poétique, alternait rêve et exaltation; la finale, au tourbillon d'une légèreté véloce, charmait par son toucher léger.
Le sonnet de Pétrarque de la Deuxième année de Pèlerinage de Franz Liszt apporta des moments d'un lyrisme inspiré dans l'adagio lent et contemplatif. Parmi les douze études d'exécution transcendante, le pianiste avait choisi «Harmonies du soir», merveilleux nocturne d'une transparence subtile, hymne vespéral entouré de grands accords. C'est par la polonaise n°2 en mi majeur de Liszt, au rythme et à l'élan très marqués, intrépide et passionnée, que se termina ce récital d'une musicalité profonde et originale. L'artiste nous combla par plusieurs bis exaltants. (Texte: Hilda van Heel / Photo: L. Schiltz)
Adoptant des tempi parfois inattendus qui font ressortir le chant délicat de la phrase ou, au contraire, accentuant l'élan avec une joie vigoureuse qui emporte tout ce qui briserait le rythme virtuose, ce pianiste compose mouvement et couleurs; il donne sens au détail, souligne les inflexions, entraînant l'auditeur dans une vision qui se détache lumineusement des exécutions traditionnelles.
La sonate de Beethoven n° 17 en ré mineur, op.31 n°2, «La tempête», alterne le lent et le rapide, l'arpège lent du largo semblait sortir du silence comme une plainte; un motif de croches s'épanchait librement, les impressions se suivaient fortes, présentes, dans un jeu vivant et communicatif. Le pianiste semblait poser les nuances comme un peintre. L'adagio si grave, si réfléchi, se développait comme une pensée contemplative; le finale au mouvement continu frappait par l'importance donnée aux ruptures. La musique semblait dialoguer avec le silence.
Ayant étudié auprès de Vera Moore, élève d'une élève de Clara Schumann, Volondat est sans doute proche de l'expressivité pianistique de Schumann, dont il exprime le romantisme profond. «Les quatre marches» (op.76) de ce compositeur étaient traduites avec une joyeuse ardeur; le mouvement, dont le rythme pourrait être monotone, gagnait ici en relief, force et éclat dominaient dans les passages claironnants qui évoquent les émeutes de Dresde en 1849. On y aimait le caractère accentué de la marche, l'élan, les dosages sonores, la force généreuse de la quatrième marche, avec son fortissimo final triomphant.
Chopin entre nostalgie et brio
Chopin ne cessait de rêver de la Pologne, et ses Mazurkas à l'invention rythmique audacieuse relient sa nostalgie à la gaieté de la danse. La mazurka en sib majeur, op.7, était rendue avec panache, alternant légèreté bondissante et rythme plus accentué; la mazurka en ut dièse mineur, op.50 n°3, au début rêveur, offrait des moments d'une légèreté étincelante. Chopin nous revint avec deux valses, d'abord la grande valse brillante en mi bémol majeur, op.18: vraiment «brillante», elle enchaînait les motifs avec élan, rebondissait, étincelante et pleine de fougue. La valse en la bémol majeur, op. 34 n°1, expressive et poétique, alternait rêve et exaltation; la finale, au tourbillon d'une légèreté véloce, charmait par son toucher léger.
Le sonnet de Pétrarque de la Deuxième année de Pèlerinage de Franz Liszt apporta des moments d'un lyrisme inspiré dans l'adagio lent et contemplatif. Parmi les douze études d'exécution transcendante, le pianiste avait choisi «Harmonies du soir», merveilleux nocturne d'une transparence subtile, hymne vespéral entouré de grands accords. C'est par la polonaise n°2 en mi majeur de Liszt, au rythme et à l'élan très marqués, intrépide et passionnée, que se termina ce récital d'une musicalité profonde et originale. L'artiste nous combla par plusieurs bis exaltants. (Texte: Hilda van Heel / Photo: L. Schiltz)