Exposition "L'appel du large" de Mars Lépine

Exposition du 15 juin au 6 juillet

Lorsque Mars Lépine a commencé la photographie, c’était pour lui comme un aide-mémoire de sa vie, pour garder les images de l’instant, fugitives, évanescentes, à classer,…

En parallèle de son travail, il avait besoin de se poser, de prendre du recul au calme. Il se rendait dans la nature pour se ressourcer et se régénérer. Ses photos d’alors se concentraient sur la nature et le monde animalier. Ne plus être dans le mouvement et l’effervescence, s’arrêter et attendre que quelque chose se passe…ou rien. Il était dans le profond respect des habitudes et des chemins des animaux, se mettant en retrait et n’intervenant pas, quitte à rentrer sans aucune photo, mais riche de l’expérience du silence et de l’observation.

Arrivé à la retraite, le contact avec les gens lui a manqué. Le fait de prendre les personnes en photo, lui a permis de retrouver ces liens. La photo de portrait, comme celle de la nature demande du temps et de la patience. Il entretient avec son modèle un contact particulier qui implique une mise en confiance jusqu’au dévoilement. Ce n’est pas anodin si certaines tribus refusent de se faire photographier, de peur de se faire voler leur âme.

Le modèle est photographié en dehors de sa vie, de son quotidien, dans l’atelier du photographe qui a créé une ambiance qui lui correspond. Le modèle se pose et le photographe prend sa place, se fait oublier et reste réactif pour capter l’Instant, lorsque le corps n’est plus dans le contrôle, lorsque la présence s’offre dans un abandon ancré dans la confidence. C’est un face-à-face particulier qui se crée dans un moment suspendu, un dialogue avec ou sans paroles, des échanges inconscients et non visibles. Le portrait naît de deux individualités, celle du modèle et celle du photographe. Il y a un mélange discret et subtil des deux univers, les deux mondes se superposent. Le modèle donne de lui-même, le photographe prend et donne aussi. On pourrait presque se poser la question… jusqu’où le portrait devient-il autoportrait ? L’image produite, montrée, peut exprimer en filigrane les mots échangés, les émotions restées secrètes selon un pacte tacite entre les deux acteurs : le photographe et son modèle – un théâtre intérieur indicible visible uniquement par le cœur. Le photographe prend le rôle pour un instant de cueilleur d’âme dans un profond respect mutuel.

Les objets photographiés révèlent aussi une présence particulière issue d’atmosphères presque hors du temps. L’artiste choisit la lumière naturelle. Le décor se veut sobre, la composition simple. Le sujet traité prend toute sa place et n’interfère pas avec ce qui l’entoure, lui donnant sa pleine valeur. Le choix du noir et blanc donne toute sa force en allant à l’essentiel au travers des contrastes. Après, intervient le regard du spectateur. La photographie, comme toute autre forme d’art, est sujet à interprétation.

L’appel du large est un thème vaste qui pourrait se traduire par une envie d’ailleurs. Mais est-il besoin de partir pour s’offrir des visions du monde, des sensibilités différentes ? Le voyage artistique peut devenir un voyage initiatique à la découverte de mondes parallèles, propres à chacun, des appels intérieurs qui aboutissent à des évasions émotionnelles irrépressibles et enrichissantes. Cet appel incite aussi à agir et aller au-delà d’un simple regard. La photographie permet les voyages, à chacun de choisir le sien.

Françoise Bande

Exposition accessible du jeudi au dimanche de 14h à 18h et sur rendez-vous

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