Orphée, atemporel et décalé
De retour au Luxembourg, les chorégraphes José Montalvo et Dominique Hervieu ont présenté, en l'espace de deux soirées, leur dernière création Orphée au Grand Théâtre. Une œuvre graphique, pleine d'énergie, où se mélangent poésie, images et humour. Ces deux enfants du mouvement Dada ont su, au fil des années, conquérir tous les publics en donnant à voir des mondes chorégraphiques et visuels d'une exubérante richesse. Cette lecture du mythe d'Orphée marque un tournant dans leur travail en inventant un nouveau langage à mi-chemin entre l'opéra et la comédie musicale, entremêlant vidéo, hip-hop, danse contemporaine, africaine, chant et même danse sur des échasses pneumatiques. Autant d'émotions et de surprises qui donnent vie à une multitude d'Orphée et d'Eurydice.
Créée et interprétée par seize artistes (danseurs et chanteurs musiciens), l'œuvre se présente comme une plongée dans la richesse foisonnante des interprétations d'Orphée à travers les siècles. L'objectif n'est pas de s'approprier un mythe, un héritage pour en donner une lecture, mais plutôt de le questionner à travers une écriture chorégraphique, musicale et cinématographique. L'œuvre naît d'une volonté de métissage, de la rencontre d'époques, de styles, d'artistes, et de genres qui jusque là ne s'étaient pas fréquentés. Au cœur de cette profusion s'engage toute une série de digressions dans lesquelles l'intrigue éclate et semble se perdre dans mille saynètes. Les éléments se superposent, se chevauchent, se font échos, créant un univers physique et mental délirant.
C'est à travers le rêve d'un jeune garçon installé sur les bords de la Seine que le personnage d'Orphée prend vie . Le spectacle s'appuie sur les quatre grands chapitres du mythe où il charme les animaux, tombe amoureux d'Eurydice, brave les Enfers à sa recherche mais la perd définitivement en désobéissant aux dieux, puis inconsolable, meurt découpé en morceaux par les ménades.
Virtuosité
Pour les chorégraphes, il s'agit de donner corps et voix aux multiples figures d'Orphée (Orphée magicien, musicien, homme-femme mais aussi Orphée noir…) et d'entremêler plusieurs références comme celles de Rubens ou, sur le plan musical, de Monteverdi, Gluck et Philip Glass. Les interprètes apparaissent comme de véritables virtuoses, non tant par leur technicité ou par les performances spectaculaires qu'ils sont en mesure de proposer, mais plutôt par la singularité de leur langage et par leur capacité à dialoguer avec des univers de danse très différents du leur. On trouve une danseuse classique, des danseurs chanteurs africains (avec l'étonnant Merlin Nyakam), des danseurs contemporains, mais aussi deux figures hors normes : un échassier (évoquant l'Orphée mi-homme mi-dieu, capable de voler entre ciel et terre) et un danseur unijambiste (formidable interprète d'un Orphée fragile et humain, qui devient surhomme par la danse). Les images vidéo d'animaux et de paysages urbains sont le décor et le trompe-l'oeil de ce labyrinthe orphique dans lequel le spectateur est amené à entrer. L'amour, la perte, la séduction, la douleur, le pouvoir, sont autant de sentiments qui s'expriment avec ivresse, humour et étrangeté. A ces vidéos s'ajoute un travail en direct qui permet de dédoubler ou d'amplifier les gestes (fluides, rapides, précis et saccadés) des danseurs. Ces derniers interagissent, tout au long de la pièce, en chantant, parlant, dansant avec les images, dans un jeu vertigineux de perspective, et d'image dans l'image.
Avec Orphée, Montalvo-Hervieu nous donnent à voir un univers ludique, à la frontière du réel et de l'imaginaire, où il est bon de se perdre. Sans aucun doute, cette version contemporaine et décalée du mythe a su charmer le public.
par Mireille Petitgenêt (Photo: Philippe Laurent)
Créée et interprétée par seize artistes (danseurs et chanteurs musiciens), l'œuvre se présente comme une plongée dans la richesse foisonnante des interprétations d'Orphée à travers les siècles. L'objectif n'est pas de s'approprier un mythe, un héritage pour en donner une lecture, mais plutôt de le questionner à travers une écriture chorégraphique, musicale et cinématographique. L'œuvre naît d'une volonté de métissage, de la rencontre d'époques, de styles, d'artistes, et de genres qui jusque là ne s'étaient pas fréquentés. Au cœur de cette profusion s'engage toute une série de digressions dans lesquelles l'intrigue éclate et semble se perdre dans mille saynètes. Les éléments se superposent, se chevauchent, se font échos, créant un univers physique et mental délirant.
C'est à travers le rêve d'un jeune garçon installé sur les bords de la Seine que le personnage d'Orphée prend vie . Le spectacle s'appuie sur les quatre grands chapitres du mythe où il charme les animaux, tombe amoureux d'Eurydice, brave les Enfers à sa recherche mais la perd définitivement en désobéissant aux dieux, puis inconsolable, meurt découpé en morceaux par les ménades.
Virtuosité
Pour les chorégraphes, il s'agit de donner corps et voix aux multiples figures d'Orphée (Orphée magicien, musicien, homme-femme mais aussi Orphée noir…) et d'entremêler plusieurs références comme celles de Rubens ou, sur le plan musical, de Monteverdi, Gluck et Philip Glass. Les interprètes apparaissent comme de véritables virtuoses, non tant par leur technicité ou par les performances spectaculaires qu'ils sont en mesure de proposer, mais plutôt par la singularité de leur langage et par leur capacité à dialoguer avec des univers de danse très différents du leur. On trouve une danseuse classique, des danseurs chanteurs africains (avec l'étonnant Merlin Nyakam), des danseurs contemporains, mais aussi deux figures hors normes : un échassier (évoquant l'Orphée mi-homme mi-dieu, capable de voler entre ciel et terre) et un danseur unijambiste (formidable interprète d'un Orphée fragile et humain, qui devient surhomme par la danse). Les images vidéo d'animaux et de paysages urbains sont le décor et le trompe-l'oeil de ce labyrinthe orphique dans lequel le spectateur est amené à entrer. L'amour, la perte, la séduction, la douleur, le pouvoir, sont autant de sentiments qui s'expriment avec ivresse, humour et étrangeté. A ces vidéos s'ajoute un travail en direct qui permet de dédoubler ou d'amplifier les gestes (fluides, rapides, précis et saccadés) des danseurs. Ces derniers interagissent, tout au long de la pièce, en chantant, parlant, dansant avec les images, dans un jeu vertigineux de perspective, et d'image dans l'image.
Avec Orphée, Montalvo-Hervieu nous donnent à voir un univers ludique, à la frontière du réel et de l'imaginaire, où il est bon de se perdre. Sans aucun doute, cette version contemporaine et décalée du mythe a su charmer le public.
par Mireille Petitgenêt (Photo: Philippe Laurent)