Le Madrigal au temps des Vêpres Italiennes du XVI et XVII siècle


Le Madrigal au temps des Vêpres Italiennes du XVI et XVII siècle

Après avoir fêté en 2014 son 50e Anniversaire, le Madrigal de Luxembourg a chanté, en date du 28 février 2016, lors du 1er Concert des Soirées Musicales de Bissen, sous la direction du talentueux Alessandro Urbano, un programme digne de ses premières années d’existence autour de la musique italienne du XVI et XVII siècle. Il a même franchi un pas de plus! En effet, à côté des œuvres pour chœur furent exécutées des œuvres instrumentales sur instruments d’époque (sacqueboute, viole de gambe, cornet…). Furent également exécutés des solos et duos pour soprano accompagnés au clavecin et il y eut même un duo clavecin (Alessandro Urbano) et orgue positif (Alain Wirth).
Des esprits critiques se demanderont certainement le pourquoi de ce programme? Quel est le lien de ces œuvres avec le Madrigal de Luxembourg? Eh bien, en revenant sur le répertoire original du Madrigal de Luxembourg, la musique de la renaissance et du baroque italien, le nouveau chef a voulu donner une image de ce qu’était la Musique Sacrée au XVI et XVII siècle en Italie dans toute sa richesse de couleur et articulation et mettre tout cela sous l’esprit des Vêpres chantées aujourd’hui à 17h – l’horaire à l’époque variant entre 16h et 18h.
Bien conscient qu’il s’agit d’un concert, Alessandro Urbano construit alors un parcours à travers les psaumes, non sans quelque astuce artistique. Les pièces instrumentales se placent là où il le faut : en introduction, une Canzona de Giovanni Gabrieli en forme de prélude – au théâtre on dirait « symphonie » - comme pièce de rappel pour les gens : c’est parti! Ensuite un clin d’œil aux Vêpres de Claudio Monteverdi, avec le Domine ad adiuvandum (incipit entonné par Claude Krier) tiré de ce chef d’œuvre du baroque italien, suivi d’une autre pièce du même compositeur, Beatus Vir, extrêmement colorée et où la virtuosité chorale et instrumentale sont poussées au maximum. Puis motets et pièces instrumentales alternent avec une petite et curieuse excursion vers la musique du Père Soler, d’école espagnole, liée à l’Italie grâce à la figure de Domenico Scarlatti, qui a influencé le répertoire ibérique (espagnol et portugais) en ce qui concerne la musique pour clavecin et orgue.
Les différentes Canzona dans le programme marquent des changements d’ambiance, que ce soit pour permettre l’arrivée d’un soliste ou un moment de prière plus intime. Là où le programme semble s’éteindre petit à petit, à nouveau une Canzona instrumentale prépare le somptueux et étonnant Magnificat d’Antonio Lotti (toutes les parties grégoriennes étaient chantées par Claude Krier), Maître de Chapelle à Saint Marc à Venise, un petit siècle après Monteverdi, ce qui donne aussi un voyage dans l’histoire baroque de Saint Marc depuis Giovanni Gabrieli jusqu’à Antonio Lotti.
La partie plus intime du programme a vu une utilisation très courageuse du clavecin comme instrument de basse continue pour le duo « Pulchra es », chanté par les choristes Elisa Noé (protagoniste plus tard encore d’un solo, hommage à la Vierge de Monteverdi) et Susanne Braun-Töpel. Choix courageux, celui du clavecin pour la Musique Sacrée, justifié par le fait que cet instrument peut, en cas de besoin, remplacer parfaitement les harpes et les théorbes que Monteverdi, comme il le remarque lui-même, avait pour ses services sacrés.
Un concert très varié et bien mené par le Madrigal de Luxembourg et son chef Alessandro Urbano, qui ont su convaincre le nombreux public présent et les organisateurs des Soirées Musicales de Bissen.

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