Pressekonferenz vom Genderrat von déi Greng
Hommes-femmes: Egalité, légalité, réalité Conseil à l’égalité entre femmes et hommes déi gréng
Conférence de presse du 6 mars 2012
avec Françoise Folmer, Georges Lemmer, Claudie Reyland
membres du Conseil à l’égalité entre femmes et hommes déi gréng
Hommes-femmes: Egalité, légalité et réalité
Si la condition féminine a évolué depuis un siècle, force est de constater que la route qui mène à l’égalité avec les hommes est encore longue. Bien que les femmes possèdent l’égalité de droit, l’égalité de fait entre les hommes et les femmes est loin d’être atteinte.
1. «Genderrot déi gréng»: une longueur d’avance
Lors du congrès du 7 mai 2011 à Junglinster, déi gréng ont constitué un nouvel organe intitulé «Conseil à l’égalité entre femmes et hommes» en d’autres termes «Genderrot». Cet organe remplace dès lors le Conseil des femmes et a comme mission la promotion de la participation paritaire des femmes et des hommes dans tous les domaines sociaux et la lutte contre toutes sortes de discrimination fondées sur le sexe.
Avec le «Genderrot», déi gréng souhaitent mettre l’accent sur l’égalité entre femmes et hommes et ainsi rassembler les deux sexes pour promouvoir une politique d’égalité émancipée et cohérente. De plus, déi gréng est le premier parti luxembourgeois à se donner un organe officiel chargé de travailler exclusivement sur les dossiers touchant aux sujets politiques du genre et nous invitons les autres partis à suivre l’exemple.
Cet organe est constitué de manière paritaire de Femmes et d’Hommes qui traitent des sujets d’actualité forts liés à la politique parlementaire ou extra-parlementaire comme les inégalités de salaire entre femmes et hommes (gender pay gap), le traitement égal des femmes et hommes dans la vie professionnelle et politique, le divorce, l’avortement.
Les membres du Conseil à l’égalité entre femmes et hommes:
Viviane Loschetter (députée), Josée Lorsché (députée), Sam Tanson (présidente du parti), Claude Biver (déi jonk gréng), André Bernardo, Françoise Folmer, Gilbert Graf, André Hilger, Georges Lemmer, Claudie Reyland.
2. Egalité hommes-femmes, la situation au Luxembourg en quelques chiffres
Le modèle traditionnel selon lequel l’homme est le principal pourvoyeur financier et le gagne-pain de la famille persiste. Le temps partiel reste une affaire de femmes: 82% des employés à temps partiels sont des femmes (Statec 2009).
Parmi les congés parentaux octroyés en 2010, 24% étaient pris par des pères.
Sur le marché du travail, l’écart salarial entre les femmes et les hommes est de 12,4%. Les femmes sont présentes dans des professions types et très peu d’entre elles occupent un poste de direction. Selon une récente étude MEGA-CEPS 2012, les femmes sont sous-représentées aux niveaux de prise de décision: elles occupent 20% des postes dans les Conseils d’administrations. Les femmes ne sont que 18% à la direction des entreprises de plus de 15 salariés et elles ne sont que 9% à la tête des entreprises dans lesquelles l’Etat détient des participations directes.
La politique reste un monde dominé par les hommes et la présence des femmes en politique demeure modeste: 25% députées (15/60), 26% ministres (4/15), 21,5% conseillères communales.
Au niveau de la pauvreté, c’est surtout dans la catégorie d’âge 65+ que les femmes sont plus touchées que les hommes: Le taux de pauvreté des femmes de 65 ans et plus est pratiquement doublé par rapport à celui des hommes (7,7% contre 3,9% - Statec 2010).
Par ailleurs, les femmes subissent la violence des hommes dans la sphère privée. En matière de violence domestique pour l’année 2010, 81,5% des victimes sont de sexe féminin et 18,5 sont de sexe masculin.
Les actions gouvernementales pour assurer l’égalité dans les divers domaines de l’existence sont encore trop timides, quand elles ne sont pas inexistantes. Ainsi en 2012, l’accès à l’avortement libre et gratuit n’est pas possible au Luxembourg.
Au niveau mondial, le Luxembourg se classe au 30ème rang sur 135 en matière d'égalité hommes-femmes selon le rapport Global Gender Gap 2011 du Forum économique mondial de Davos. Le Luxembourg a perdu 4 places par rapport en 2010 principalement à cause d’une trop grande disparité salariale entre femmes et hommes.
3. Avortement: le droit à l’auto-détermination (par Georges Lemmer)
Le droit à disposer de son corps, le droit d'avorter dans de bonnes conditions psychologiques, sanitaires ou économiques doit être réaffirmé comme une condition indispensable à l'évolution de notre pays. C’est un enjeu d'égalité entre les femmes et les hommes. La législation luxembourgeoise sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est une des plus arriérées et conservatrices en Europe et contraire aux jurisprudences de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, aux résolutions et recommandations du Parlement européen et du Conseil pour l'Europe ainsi qu’à la convention CEDAW.
déi gréng rejettent le projet de loi N°6103 et jugent le compromis du CSV/LSAP irrecevable. Ils plaident pour une légalisation sans conditions et exigent que le Gouvernement abandonne définitivement de s'obstiner dans une politique conservatrice, rétrograde et misogyne, réduisant la femme à un objet qui n'aurait ni la capacité d'évaluer sa situation de vie, ni le droit de décider par elle-même quelle solution est la plus appropriée pour sortir de sa situation de détresse.
Revendications déi gréng
L’interruption volontaire de grossesse (IVG), comme le nom l’indique doit être garantie à toute femme désirant avorter librement et sur sa propre demande. La clause de détresse sociale ne fait qu’embrouiller les termes. Une femme doit pouvoir choisir librement, et sans avoir à se justifier de continuer ou non une grossesse non désirée jusqu’à la 12ème semaine, ou 14ème semaine d’aménorrhée.
L’offre de pré-consultation auprès d’un institut agrée doit être garantie mais en aucun cas obligatoire. Nous préconisons également la garantie d’un suivi psychologique post IVG afin d’accompagner les femmes lors d’un syndrome post-abortif éventuel qui peut se traduire par une peur, une culpabilité intense, un état dépressif, une perte de l’estime de soi ou du contrôle de soi.
Le remboursement des frais de l’IVG par la Caisse Nationale de Santé.
La suppression du délai de réflexion obligatoire.
Un meilleur accès à une éducation sexuelle dans les écoles et au sein des familles est primordial pour éviter d’en arriver à des interruptions volontaires de grossesse. Il devient impératif de développer ces enseignements dans les écoles par le personnel enseignant, le personnel de santé ou planning familial.
Des campagnes de prévention aux grossesses non-désirées et la promotion des moyens de contraception, notamment du droit à la contraception libre et gratuite du moins pour les jeunes et les femmes en situation socialement ou économiquement difficile.
Nous exigeons non pas une reformulation, mais une modification de la loi du 15 novembre 1978, respectivement une refonte fondamentale du PPL 6102 (Err/Polfer), qui tient compte notamment des nouvelles possibilités médicales (en milieu non hospitalier) concernant l’avortement, de l’offre de sensibilisation et formation des associations, des possibilités d’enseignement de la thématique dans les écoles.
De sortir les thèmes de politiques sociétaires du conflit entre les partis pour ainsi assurer des réformes cohérentes et modernes sur ces sujets. Il n’importe pas quel parti a su imposer sa position, mais l’objectif doit être celui de faire avancer la législation luxembourgeoise dans le bon sens.
► Annexe 1: Dates et faits sur l’évolution de la loi relative à la réglementation de l’interruption volontaire de grossesse.
4. Marché du travail et prise de décision (par Françoise Folmer)
C’est un fait : les femmes sont encore largement sous-représentées dans la prise de décision, ceci aussi bien en politique qu’à la tête des entreprises, et même à la tête des délégations du personnel ou des syndicats. On constate d’ailleurs qu’au Luxembourg, elles sont également bien moins nombreuses à poursuivre un travail rémunéré tout court, et elles sont largement surreprésentées parmi les salariés travaillant à temps partiel.
Il est clair que ceci est le résultat d’une réalité complexe:
- Les modèles de rôles familiaux n’ont guère évolué au cours des dernières décennies. Le partage des tâches dans les familles se fait toujours largement au détriment des femmes, ce qui les empêche d’envisager dans de bonnes conditions un engagement dans la vie économique et professionnelle, voire même politique.
- Les mères seraient liées à leurs enfants par des liens «naturellement» entre guillemets plus forts que les pères. Cette petite phrase affirmant à tout bout de champ qu’un enfant a besoin de sa mère occulte complètement le fait qu’un enfant a tout autant besoin de son père, argument qui n’est ressorti qu’au moment où les pères se voient, dans une suite somme toute logique, privés de l’accès à leurs enfants.
- Les stéréotypes de genre ont aussi la peau dure dans la vie professionnelle. Ainsi existent toujours dans la tête de tout un chacun des métiers dits féminins ou masculins, des compétences ou des talents féminins ou masculins. Les filles seraient moins douées pour les métiers techniques, les garçons moins compétents pour les soins aux personnes. Ces façons de voir empêchent souvent les filles d’opter pour les métiers les mieux rémunérés et qui offrent les carrières les plus intéressantes.
- Enfin le fameux plafond de verre est bien sûr une réalité, de même que le fait que des élites ou des groupes de personnes, en majorité des hommes, défendent des postes avantageux qu’ils occupent depuis des décennies.
Tout ceci est très grave, non seulement pour les femmes qui sont qualifiées et motivées pour travailler et pour faire carrière, et qui font face à beaucoup de difficultés pour réaliser leurs aspirations, mais pour bien d’autres raisons encore:
- La difficulté qu’éprouvent les femmes à accéder à des métiers et à des postes valorisants empêche que leur soit reconnue par la société cette même valeur personnelle. La considération apportée aux femmes est dans l’ensemble inférieure à celle reconnue aux hommes. Aux extrêmes, ceci résulte en des manques de respect qui conduisent jusqu’à la violence envers les femmes, jusqu’au déni de leur droit à l’auto-détermination etc. Mais peut-être ce raisonnement doit-il aussi être mené à l’inverse, et c’est le manque de considération latent qu’ont encore même nos sociétés occidentales envers le «sexe faible» qui mène à tous ces comportements stéréotypés évoqués plus haut, et à la difficulté des femmes d’accéder à une vie professionnelle épanouie tout autant que les hommes. D’ailleurs depuis quand est-ce que la faiblesse mène à la réussite?
- Pour autant, même si on peut juger que les hommes ont le beau rôle dans notre société, il faut se rendre à l’évidence que les répartitions de rôles et de compétences stéréotypées leur amènent à eux aussi leur lot de discriminations. Ceci est le cas notamment lorsqu’on leur refuse un accès équitable à leurs enfants. Le fait que leur droit au congé de paternité est quasi inexistant et qu’une minorité d’hommes seulement profite du congé parental ne leur permet pas de nouer des liens aussi étroits avec leurs enfants que les femmes, faute de disponibilité suffisante. Une des conséquences logiques de cette situation est le fait qu’en cas de séparation du couple, les hommes n’obtiennent que rarement le droit de garde, et le temps qu’ils pourront désormais passer avec leurs enfants est réduit à peau de chagrin. Peu d’hommes peuvent partager avec encore trop peu de femmes le bonheur de tout avoir: une vie professionnelle épanouie en même temps qu’une relation privilégiée avec leurs enfants.
- Dans un autre registre, les filles ont aujourd’hui chez nous accès aux études autant que les garçons, et le nombre de jeunes femmes qualifiées et même hautement qualifiées est au niveau de celui des jeunes hommes ou même le dépasse. Quand on sait ce que coûtent à la communauté la scolarité et les études d’un enfant, il semble inconcevable qu’une grande proportion des femmes ne puisse pas retourner à la société les fruits de cet investissement.
Revendications déi gréng
Pour toutes ces raisons, et parce que l’évolution des rôles respectifs des hommes et des femmes dans notre société semble en marche dans la bonne direction, mais à un rythme beaucoup trop lent:
déi gréng ont initié un débat d’orientation 2012 dans la Chambre des Députés sur une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes dans les conseils d’administration des institutions publiques, économiques, sociales et sportives.
déi gréng se prononcent en faveur de quotas pour une parité hommes-femmes dans la prise de décision, que ce soit dans la vie politique, dans les entreprises, dans les administrations publiques ou ailleurs.
déi gréng pratiquent dans leurs propres organes de décision et de discussion, ainsi que sur leurs listes électorales, un quota hommes-femmes de 50 %. Ce quota est
perçu comme un enrichissement absolu est un simple outil de base pour l’implémentation d’une parité hommes-femmes.
déi gréng exigent une législation qui permette d’interdire et de sanctionner les inégalités salariales entre genres.
déi gréng sollicitent les employeurs à instaurer une approche à la fois plus souple et plus créative du temps de travail pour permettre aux femmes et aux hommes de mieux concilier vies professionnelle et familiale. (télétravail, travail à temps partiel 75% pour les hommes et les femmes). Les femmes pourront pleinement investir le marché du travail quand la vision de la parentalité aura évolué. Il est urgent de développer une approche à la fois plus souple et plus créative du temps de travail dans les entreprises et les administrations pour laisser à chacun et à chacune la possibilité de déterminer un mode d’articulation entre temps professionnel et temps familial en fonction de ses projets et de ses multiples priorités.
déi gréng aspirent à mettre fin aux discriminations de toute nature, que ce soit envers les hommes ou envers les femmes. Ils veulent un accès équitable pour les uns et les autres à tous les niveaux de l’engagement familial, sociétal et professionnel. Ils exigent que la société se donne les moyens de mieux profiter de ses investissements en formation et aussi d’arriver à une représentation plus équitable des hommes et des femmes dans tous les métiers, qu’ils soient techniques, éducatifs, du domaine des soins aux personnes ou autres.
Pour une «Journée du Genre»
A quand la fusion de la «Journée Internationale de la Femme» du 8 mars et de la «Journée Internationale de l’Homme» du 19 novembre en une «Journée du Genre»? En fin de compte les thèmes sont intimement et par nature liés et entrelacés, l’égalité et la parité sont des sujets qui ne concernent jamais qu’un seul parti!
5. Culture, sport et médias: changer les mentalités (par Claudie Reyland)
Le monde de la culture est caractérisé par une forte domination masculine: les femmes cinéastes, écrivains, artistes et actrices ont parfois du mal à s’affirmer. Pour ne citer qu’un exemple tristement célèbre, celui de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Bien que l'orchestre soit largement reconnu comme l'un des meilleurs au monde, depuis les années 1990, il fait l'objet de critiques de la part de groupes féministes parce que, jusqu'en 1997, il n'admettait pas de femmes dans ses rangs. Seules quelques femmes avaient pu jouer en «supplémentaires». Si la situation a changé dans le domaine de la musique classique, il y a toujours très peu de femmes cheffes d’orchestre ou de femmes compositrices.
Il faut changer les mentalités. Pourquoi les hommes feraient moins bien du ballet et pourquoi les femmes seraient de moins bonnes trompettistes?
Dans le sport, il y a des différences physiques évidentes entre femmes et hommes et tout le monde serait étonné s’il n’y avait pas de classement séparé femmes/hommes dans une compétition d’athlétisme. Il existe très peu de disciplines sportives dans lesquelles les différents genres s’affrontent ensemble comme c’est le cas par exemple en équitation; les compétitions et les classements partout dans le monde (même aux Jeux Olympiques) sont mixtes (même les chevaux sont juments, étalons ou hongres).
Cependant, dans notre civilisation, notre société donne encore un caractère féminin ou masculin à telle ou telle discipline et les médias diffusent plus volontiers une finale de tennis
d’hommes aux heures de grande écoute que la finale des femmes, qui passe en deuxième rang. Les équipes de football féminines restent bien minoritaires, quoiqu’il existe des femmes footballeuses qui réalisent d’excellentes performances.
Si on fait abstraction des «contraintes» physiques, il faudrait en arriver à ne plus être étonnés de voir une femme footballeuse ou un homme danseur.
Au niveau des médias, selon les résultats de l’enquête «Genre et médias» du CNFL/Quest (mai 2011), les femmes sont sous-représentées dans les médias (informations et images télévisuelles).
Lorsqu’elles ne sont pas sous-représentées ou invisibles, les femmes sont souvent représentées dans les médias dans des rôles traditionnellement conférés par la société, comme des sujets passifs et inférieurs, des mères ou des objets sexuels.
Trop souvent les médias recréent un monde binaire: les hommes sont plus souvent présentés comme des «experts», les femmes sont présentées de façon moins valorisante que les hommes.
6. Adoption et Mariage: les couples homosexuels. Oui, mais…
(par Georges Lemmer)
L’accord de coalition signé en 2009 entre le CSV et LSAP prévoit une réforme du mariage et de l’adoption. Ainsi le mariage entre partenaires de même sexe serait possible. Monsieur Jean-Claude Juncker a déclaré en septembre 2009 s’investir personnellement pour que le Code civil soit adapté endéans un an. En janvier 2010, Monsieur François Biltgen annonce que l’adaptation du Code civil pourrait être votée avant la pause estivale (en été 2010). Trois ans plus tard le dossier du mariage de couples homosexuels semble continuer de périr dans le débat politique. déi gréng constatent que l’égalité de tous les citoyens - indépendamment de leur sexe – devant la loi n’est pas une priorité pour ce Gouvernement.
Liée au mariage, l’adoption par des couples homosexuels a aussi été annoncée en janvier 2010, mais une fois de plus le Gouvernement prononce des paroles sans faire suivre des actes correspondants.
Ainsi en 2012 les couples homosexuels n’ont toujours pas la possibilité de se marier, ni d’adopter des enfants. Pire, le Gouvernement entend différencier entre adoption plénière et adoption simple, en autorisant uniquement l’adoption simple aux partenaires de même sexe. L’argument utilisé par le Ministre de la Justice est celui de la création naturelle des choses qui doit primer la justice. Ainsi il ne devrait être possible aux couples homosexuels d’avoir un enfant dont les liens avec les parents d’origines ont été «coupés» puisque ces couples sont incapables d’avoir des enfants par voie naturelle. On différencie entre la notion de paternité et de parentalité, ce qui signifie aux yeux de déi gréng une discrimination grave des couples homosexuels. Le législateur doit mettre tous les citoyens sur le même pied d’égalité et ne peut pas commencer à créer des critères subjectifs liés à des esprits conservateurs certes présents dans la politique quotidienne au Luxembourg.
Revendications déi gréng
déi gréng invite cordialement le Gouvernement à faire suivre des actes à ses paroles et de faire primer la qualité de la législation en matière de modernisation sur les opinions personnelles, parfois bien trop conservatrices.
Annexe 1: L’avortement au Luxembourg
Votée sous le gouvernement libéral socialiste de Gaston Thorn en date du 15 novembre 1978, la loi relative à l’information sexuelle, la prévention de l’avortement clandestin et la réglementation de l’interruption de grossesse a plus de 30 ans.
Le Luxembourg demeure avec la Pologne, Malte et l’Irlande l’un des pays les plus répressifs en matière d’avortement. Dans un pays défenseur des libertés individuelles et de l’égalité entre les sexes, la loi du 15 novembre 1978 en matière d’avortement non seulement se retrouve-t-elle dans le Code pénal mais demeure aussi insuffisante par rapport à ses objectifs. Ainsi, la législation luxembourgeoise permet de procéder à l’avortement dans les douze premières semaines de la grossesse:
1) si «la poursuite de la grossesse (…) risque de mettre en danger la santé physique ou psychique de la femme enceinte»
2) «lorsqu’il existe un risque sérieux que l’enfant à naître sera atteint d’une maladie grave (…)»
3) «lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol» et ceci, à condition que la femme enceinte «ait consulté un médecin gynécologue ou obstétricien, qui doit l’informer des risques médicaux que comporte l’intervention (…)».
La loi de 1978 autorise donc et rembourse l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans certaines circonstances: risque pour la santé physique ou psychique de la femme, risque de malformations physiques, altérations psychiques ou maladies graves pour l’enfant à naître, conséquence d’un viol. Cependant, en dehors du cas où la vie de la mère est en danger, le personnel médical (médecin ou auxiliaire médical) ne peut être contraint à pratiquer une IVG. L’accès libre à l’avortement n’est donc pas toujours garanti.
Il n’est en aucun cas question du choix des femmes et de plus, cette loi est «indicative», seul le médecin a le droit d’apprécier s’il y a indication légale ou non pour une IVG. Ainsi, les femmes sont dépossédées de la liberté de décision dans un domaine ayant une influence déterminante sur leur vie.
Nombreuses sont les femmes au Luxembourg qui n’ont toujours pas accès à l’interruption de grossesse dans de bonnes conditions, qui se retrouvent dans l’illégalité ou qui doivent franchir les frontières pour avorter.
…33 ans plus tard
33 ans après l’introduction de la clause restrictive des indications, la réforme qui nous est annoncée par la coalition CSV-LSAP est loin d’être révolutionnaire.
13.03.2007: Dépôt d’une proposition de loi 5701 par Lydie Err (LSAP) pour étendre le droit à l’avortement.
20.01.2010: Dépôt du projet de loi portant modification de l’article 353 du Code pénal. Le projet de loi 6103 modifie des dispositions pénales concernant l’interruption volontaire d’une grossesse par adaptation de l’article 353 du code pénal, en:
- précisant la notion de détresse sociale
- prévoyant le passage obligatoire de la femme déterminée à mettre un terme à sa grossesse par un centre de consultation et d’information familiale agréé
- maintenant la condition de résidence de trois mois
- définissant les modalités à respecter dans le cas des femmes mineures enceintes désirant pratiquer une IVG.
08.06.2011: Le Ministre de la Justice François Biltgen annonce dans une réunion de la Commission juridique de la Chambre des Député(e)s être «désaisi» du dossier et et qu'il appartient désormais aux présidents de parti du CSV et du LSAP de trouver une solution.
23.12.2011: Jean Asselborn annonce que le Gouvernement a trouvé un consensus en matière de législation de l’avortement, un consensus qui démontre ce qui pour le Gouvernement signifie l’autodétermination des femmes en l’an 2011 et illustre le rapport des forces dans la coalition.
29.02.2012: Le texte consensuel a été présenté dans la Commission juridique.
Conférence de presse du 6 mars 2012
avec Françoise Folmer, Georges Lemmer, Claudie Reyland
membres du Conseil à l’égalité entre femmes et hommes déi gréng
Hommes-femmes: Egalité, légalité et réalité
Si la condition féminine a évolué depuis un siècle, force est de constater que la route qui mène à l’égalité avec les hommes est encore longue. Bien que les femmes possèdent l’égalité de droit, l’égalité de fait entre les hommes et les femmes est loin d’être atteinte.
1. «Genderrot déi gréng»: une longueur d’avance
Lors du congrès du 7 mai 2011 à Junglinster, déi gréng ont constitué un nouvel organe intitulé «Conseil à l’égalité entre femmes et hommes» en d’autres termes «Genderrot». Cet organe remplace dès lors le Conseil des femmes et a comme mission la promotion de la participation paritaire des femmes et des hommes dans tous les domaines sociaux et la lutte contre toutes sortes de discrimination fondées sur le sexe.
Avec le «Genderrot», déi gréng souhaitent mettre l’accent sur l’égalité entre femmes et hommes et ainsi rassembler les deux sexes pour promouvoir une politique d’égalité émancipée et cohérente. De plus, déi gréng est le premier parti luxembourgeois à se donner un organe officiel chargé de travailler exclusivement sur les dossiers touchant aux sujets politiques du genre et nous invitons les autres partis à suivre l’exemple.
Cet organe est constitué de manière paritaire de Femmes et d’Hommes qui traitent des sujets d’actualité forts liés à la politique parlementaire ou extra-parlementaire comme les inégalités de salaire entre femmes et hommes (gender pay gap), le traitement égal des femmes et hommes dans la vie professionnelle et politique, le divorce, l’avortement.
Les membres du Conseil à l’égalité entre femmes et hommes:
Viviane Loschetter (députée), Josée Lorsché (députée), Sam Tanson (présidente du parti), Claude Biver (déi jonk gréng), André Bernardo, Françoise Folmer, Gilbert Graf, André Hilger, Georges Lemmer, Claudie Reyland.
2. Egalité hommes-femmes, la situation au Luxembourg en quelques chiffres
Le modèle traditionnel selon lequel l’homme est le principal pourvoyeur financier et le gagne-pain de la famille persiste. Le temps partiel reste une affaire de femmes: 82% des employés à temps partiels sont des femmes (Statec 2009).
Parmi les congés parentaux octroyés en 2010, 24% étaient pris par des pères.
Sur le marché du travail, l’écart salarial entre les femmes et les hommes est de 12,4%. Les femmes sont présentes dans des professions types et très peu d’entre elles occupent un poste de direction. Selon une récente étude MEGA-CEPS 2012, les femmes sont sous-représentées aux niveaux de prise de décision: elles occupent 20% des postes dans les Conseils d’administrations. Les femmes ne sont que 18% à la direction des entreprises de plus de 15 salariés et elles ne sont que 9% à la tête des entreprises dans lesquelles l’Etat détient des participations directes.
La politique reste un monde dominé par les hommes et la présence des femmes en politique demeure modeste: 25% députées (15/60), 26% ministres (4/15), 21,5% conseillères communales.
Au niveau de la pauvreté, c’est surtout dans la catégorie d’âge 65+ que les femmes sont plus touchées que les hommes: Le taux de pauvreté des femmes de 65 ans et plus est pratiquement doublé par rapport à celui des hommes (7,7% contre 3,9% - Statec 2010).
Par ailleurs, les femmes subissent la violence des hommes dans la sphère privée. En matière de violence domestique pour l’année 2010, 81,5% des victimes sont de sexe féminin et 18,5 sont de sexe masculin.
Les actions gouvernementales pour assurer l’égalité dans les divers domaines de l’existence sont encore trop timides, quand elles ne sont pas inexistantes. Ainsi en 2012, l’accès à l’avortement libre et gratuit n’est pas possible au Luxembourg.
Au niveau mondial, le Luxembourg se classe au 30ème rang sur 135 en matière d'égalité hommes-femmes selon le rapport Global Gender Gap 2011 du Forum économique mondial de Davos. Le Luxembourg a perdu 4 places par rapport en 2010 principalement à cause d’une trop grande disparité salariale entre femmes et hommes.
3. Avortement: le droit à l’auto-détermination (par Georges Lemmer)
Le droit à disposer de son corps, le droit d'avorter dans de bonnes conditions psychologiques, sanitaires ou économiques doit être réaffirmé comme une condition indispensable à l'évolution de notre pays. C’est un enjeu d'égalité entre les femmes et les hommes. La législation luxembourgeoise sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est une des plus arriérées et conservatrices en Europe et contraire aux jurisprudences de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, aux résolutions et recommandations du Parlement européen et du Conseil pour l'Europe ainsi qu’à la convention CEDAW.
déi gréng rejettent le projet de loi N°6103 et jugent le compromis du CSV/LSAP irrecevable. Ils plaident pour une légalisation sans conditions et exigent que le Gouvernement abandonne définitivement de s'obstiner dans une politique conservatrice, rétrograde et misogyne, réduisant la femme à un objet qui n'aurait ni la capacité d'évaluer sa situation de vie, ni le droit de décider par elle-même quelle solution est la plus appropriée pour sortir de sa situation de détresse.
Revendications déi gréng
L’interruption volontaire de grossesse (IVG), comme le nom l’indique doit être garantie à toute femme désirant avorter librement et sur sa propre demande. La clause de détresse sociale ne fait qu’embrouiller les termes. Une femme doit pouvoir choisir librement, et sans avoir à se justifier de continuer ou non une grossesse non désirée jusqu’à la 12ème semaine, ou 14ème semaine d’aménorrhée.
L’offre de pré-consultation auprès d’un institut agrée doit être garantie mais en aucun cas obligatoire. Nous préconisons également la garantie d’un suivi psychologique post IVG afin d’accompagner les femmes lors d’un syndrome post-abortif éventuel qui peut se traduire par une peur, une culpabilité intense, un état dépressif, une perte de l’estime de soi ou du contrôle de soi.
Le remboursement des frais de l’IVG par la Caisse Nationale de Santé.
La suppression du délai de réflexion obligatoire.
Un meilleur accès à une éducation sexuelle dans les écoles et au sein des familles est primordial pour éviter d’en arriver à des interruptions volontaires de grossesse. Il devient impératif de développer ces enseignements dans les écoles par le personnel enseignant, le personnel de santé ou planning familial.
Des campagnes de prévention aux grossesses non-désirées et la promotion des moyens de contraception, notamment du droit à la contraception libre et gratuite du moins pour les jeunes et les femmes en situation socialement ou économiquement difficile.
Nous exigeons non pas une reformulation, mais une modification de la loi du 15 novembre 1978, respectivement une refonte fondamentale du PPL 6102 (Err/Polfer), qui tient compte notamment des nouvelles possibilités médicales (en milieu non hospitalier) concernant l’avortement, de l’offre de sensibilisation et formation des associations, des possibilités d’enseignement de la thématique dans les écoles.
De sortir les thèmes de politiques sociétaires du conflit entre les partis pour ainsi assurer des réformes cohérentes et modernes sur ces sujets. Il n’importe pas quel parti a su imposer sa position, mais l’objectif doit être celui de faire avancer la législation luxembourgeoise dans le bon sens.
► Annexe 1: Dates et faits sur l’évolution de la loi relative à la réglementation de l’interruption volontaire de grossesse.
4. Marché du travail et prise de décision (par Françoise Folmer)
C’est un fait : les femmes sont encore largement sous-représentées dans la prise de décision, ceci aussi bien en politique qu’à la tête des entreprises, et même à la tête des délégations du personnel ou des syndicats. On constate d’ailleurs qu’au Luxembourg, elles sont également bien moins nombreuses à poursuivre un travail rémunéré tout court, et elles sont largement surreprésentées parmi les salariés travaillant à temps partiel.
Il est clair que ceci est le résultat d’une réalité complexe:
- Les modèles de rôles familiaux n’ont guère évolué au cours des dernières décennies. Le partage des tâches dans les familles se fait toujours largement au détriment des femmes, ce qui les empêche d’envisager dans de bonnes conditions un engagement dans la vie économique et professionnelle, voire même politique.
- Les mères seraient liées à leurs enfants par des liens «naturellement» entre guillemets plus forts que les pères. Cette petite phrase affirmant à tout bout de champ qu’un enfant a besoin de sa mère occulte complètement le fait qu’un enfant a tout autant besoin de son père, argument qui n’est ressorti qu’au moment où les pères se voient, dans une suite somme toute logique, privés de l’accès à leurs enfants.
- Les stéréotypes de genre ont aussi la peau dure dans la vie professionnelle. Ainsi existent toujours dans la tête de tout un chacun des métiers dits féminins ou masculins, des compétences ou des talents féminins ou masculins. Les filles seraient moins douées pour les métiers techniques, les garçons moins compétents pour les soins aux personnes. Ces façons de voir empêchent souvent les filles d’opter pour les métiers les mieux rémunérés et qui offrent les carrières les plus intéressantes.
- Enfin le fameux plafond de verre est bien sûr une réalité, de même que le fait que des élites ou des groupes de personnes, en majorité des hommes, défendent des postes avantageux qu’ils occupent depuis des décennies.
Tout ceci est très grave, non seulement pour les femmes qui sont qualifiées et motivées pour travailler et pour faire carrière, et qui font face à beaucoup de difficultés pour réaliser leurs aspirations, mais pour bien d’autres raisons encore:
- La difficulté qu’éprouvent les femmes à accéder à des métiers et à des postes valorisants empêche que leur soit reconnue par la société cette même valeur personnelle. La considération apportée aux femmes est dans l’ensemble inférieure à celle reconnue aux hommes. Aux extrêmes, ceci résulte en des manques de respect qui conduisent jusqu’à la violence envers les femmes, jusqu’au déni de leur droit à l’auto-détermination etc. Mais peut-être ce raisonnement doit-il aussi être mené à l’inverse, et c’est le manque de considération latent qu’ont encore même nos sociétés occidentales envers le «sexe faible» qui mène à tous ces comportements stéréotypés évoqués plus haut, et à la difficulté des femmes d’accéder à une vie professionnelle épanouie tout autant que les hommes. D’ailleurs depuis quand est-ce que la faiblesse mène à la réussite?
- Pour autant, même si on peut juger que les hommes ont le beau rôle dans notre société, il faut se rendre à l’évidence que les répartitions de rôles et de compétences stéréotypées leur amènent à eux aussi leur lot de discriminations. Ceci est le cas notamment lorsqu’on leur refuse un accès équitable à leurs enfants. Le fait que leur droit au congé de paternité est quasi inexistant et qu’une minorité d’hommes seulement profite du congé parental ne leur permet pas de nouer des liens aussi étroits avec leurs enfants que les femmes, faute de disponibilité suffisante. Une des conséquences logiques de cette situation est le fait qu’en cas de séparation du couple, les hommes n’obtiennent que rarement le droit de garde, et le temps qu’ils pourront désormais passer avec leurs enfants est réduit à peau de chagrin. Peu d’hommes peuvent partager avec encore trop peu de femmes le bonheur de tout avoir: une vie professionnelle épanouie en même temps qu’une relation privilégiée avec leurs enfants.
- Dans un autre registre, les filles ont aujourd’hui chez nous accès aux études autant que les garçons, et le nombre de jeunes femmes qualifiées et même hautement qualifiées est au niveau de celui des jeunes hommes ou même le dépasse. Quand on sait ce que coûtent à la communauté la scolarité et les études d’un enfant, il semble inconcevable qu’une grande proportion des femmes ne puisse pas retourner à la société les fruits de cet investissement.
Revendications déi gréng
Pour toutes ces raisons, et parce que l’évolution des rôles respectifs des hommes et des femmes dans notre société semble en marche dans la bonne direction, mais à un rythme beaucoup trop lent:
déi gréng ont initié un débat d’orientation 2012 dans la Chambre des Députés sur une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes dans les conseils d’administration des institutions publiques, économiques, sociales et sportives.
déi gréng se prononcent en faveur de quotas pour une parité hommes-femmes dans la prise de décision, que ce soit dans la vie politique, dans les entreprises, dans les administrations publiques ou ailleurs.
déi gréng pratiquent dans leurs propres organes de décision et de discussion, ainsi que sur leurs listes électorales, un quota hommes-femmes de 50 %. Ce quota est
perçu comme un enrichissement absolu est un simple outil de base pour l’implémentation d’une parité hommes-femmes.
déi gréng exigent une législation qui permette d’interdire et de sanctionner les inégalités salariales entre genres.
déi gréng sollicitent les employeurs à instaurer une approche à la fois plus souple et plus créative du temps de travail pour permettre aux femmes et aux hommes de mieux concilier vies professionnelle et familiale. (télétravail, travail à temps partiel 75% pour les hommes et les femmes). Les femmes pourront pleinement investir le marché du travail quand la vision de la parentalité aura évolué. Il est urgent de développer une approche à la fois plus souple et plus créative du temps de travail dans les entreprises et les administrations pour laisser à chacun et à chacune la possibilité de déterminer un mode d’articulation entre temps professionnel et temps familial en fonction de ses projets et de ses multiples priorités.
déi gréng aspirent à mettre fin aux discriminations de toute nature, que ce soit envers les hommes ou envers les femmes. Ils veulent un accès équitable pour les uns et les autres à tous les niveaux de l’engagement familial, sociétal et professionnel. Ils exigent que la société se donne les moyens de mieux profiter de ses investissements en formation et aussi d’arriver à une représentation plus équitable des hommes et des femmes dans tous les métiers, qu’ils soient techniques, éducatifs, du domaine des soins aux personnes ou autres.
Pour une «Journée du Genre»
A quand la fusion de la «Journée Internationale de la Femme» du 8 mars et de la «Journée Internationale de l’Homme» du 19 novembre en une «Journée du Genre»? En fin de compte les thèmes sont intimement et par nature liés et entrelacés, l’égalité et la parité sont des sujets qui ne concernent jamais qu’un seul parti!
5. Culture, sport et médias: changer les mentalités (par Claudie Reyland)
Le monde de la culture est caractérisé par une forte domination masculine: les femmes cinéastes, écrivains, artistes et actrices ont parfois du mal à s’affirmer. Pour ne citer qu’un exemple tristement célèbre, celui de l’Orchestre Philharmonique de Vienne. Bien que l'orchestre soit largement reconnu comme l'un des meilleurs au monde, depuis les années 1990, il fait l'objet de critiques de la part de groupes féministes parce que, jusqu'en 1997, il n'admettait pas de femmes dans ses rangs. Seules quelques femmes avaient pu jouer en «supplémentaires». Si la situation a changé dans le domaine de la musique classique, il y a toujours très peu de femmes cheffes d’orchestre ou de femmes compositrices.
Il faut changer les mentalités. Pourquoi les hommes feraient moins bien du ballet et pourquoi les femmes seraient de moins bonnes trompettistes?
Dans le sport, il y a des différences physiques évidentes entre femmes et hommes et tout le monde serait étonné s’il n’y avait pas de classement séparé femmes/hommes dans une compétition d’athlétisme. Il existe très peu de disciplines sportives dans lesquelles les différents genres s’affrontent ensemble comme c’est le cas par exemple en équitation; les compétitions et les classements partout dans le monde (même aux Jeux Olympiques) sont mixtes (même les chevaux sont juments, étalons ou hongres).
Cependant, dans notre civilisation, notre société donne encore un caractère féminin ou masculin à telle ou telle discipline et les médias diffusent plus volontiers une finale de tennis
d’hommes aux heures de grande écoute que la finale des femmes, qui passe en deuxième rang. Les équipes de football féminines restent bien minoritaires, quoiqu’il existe des femmes footballeuses qui réalisent d’excellentes performances.
Si on fait abstraction des «contraintes» physiques, il faudrait en arriver à ne plus être étonnés de voir une femme footballeuse ou un homme danseur.
Au niveau des médias, selon les résultats de l’enquête «Genre et médias» du CNFL/Quest (mai 2011), les femmes sont sous-représentées dans les médias (informations et images télévisuelles).
Lorsqu’elles ne sont pas sous-représentées ou invisibles, les femmes sont souvent représentées dans les médias dans des rôles traditionnellement conférés par la société, comme des sujets passifs et inférieurs, des mères ou des objets sexuels.
Trop souvent les médias recréent un monde binaire: les hommes sont plus souvent présentés comme des «experts», les femmes sont présentées de façon moins valorisante que les hommes.
6. Adoption et Mariage: les couples homosexuels. Oui, mais…
(par Georges Lemmer)
L’accord de coalition signé en 2009 entre le CSV et LSAP prévoit une réforme du mariage et de l’adoption. Ainsi le mariage entre partenaires de même sexe serait possible. Monsieur Jean-Claude Juncker a déclaré en septembre 2009 s’investir personnellement pour que le Code civil soit adapté endéans un an. En janvier 2010, Monsieur François Biltgen annonce que l’adaptation du Code civil pourrait être votée avant la pause estivale (en été 2010). Trois ans plus tard le dossier du mariage de couples homosexuels semble continuer de périr dans le débat politique. déi gréng constatent que l’égalité de tous les citoyens - indépendamment de leur sexe – devant la loi n’est pas une priorité pour ce Gouvernement.
Liée au mariage, l’adoption par des couples homosexuels a aussi été annoncée en janvier 2010, mais une fois de plus le Gouvernement prononce des paroles sans faire suivre des actes correspondants.
Ainsi en 2012 les couples homosexuels n’ont toujours pas la possibilité de se marier, ni d’adopter des enfants. Pire, le Gouvernement entend différencier entre adoption plénière et adoption simple, en autorisant uniquement l’adoption simple aux partenaires de même sexe. L’argument utilisé par le Ministre de la Justice est celui de la création naturelle des choses qui doit primer la justice. Ainsi il ne devrait être possible aux couples homosexuels d’avoir un enfant dont les liens avec les parents d’origines ont été «coupés» puisque ces couples sont incapables d’avoir des enfants par voie naturelle. On différencie entre la notion de paternité et de parentalité, ce qui signifie aux yeux de déi gréng une discrimination grave des couples homosexuels. Le législateur doit mettre tous les citoyens sur le même pied d’égalité et ne peut pas commencer à créer des critères subjectifs liés à des esprits conservateurs certes présents dans la politique quotidienne au Luxembourg.
Revendications déi gréng
déi gréng invite cordialement le Gouvernement à faire suivre des actes à ses paroles et de faire primer la qualité de la législation en matière de modernisation sur les opinions personnelles, parfois bien trop conservatrices.
Annexe 1: L’avortement au Luxembourg
Votée sous le gouvernement libéral socialiste de Gaston Thorn en date du 15 novembre 1978, la loi relative à l’information sexuelle, la prévention de l’avortement clandestin et la réglementation de l’interruption de grossesse a plus de 30 ans.
Le Luxembourg demeure avec la Pologne, Malte et l’Irlande l’un des pays les plus répressifs en matière d’avortement. Dans un pays défenseur des libertés individuelles et de l’égalité entre les sexes, la loi du 15 novembre 1978 en matière d’avortement non seulement se retrouve-t-elle dans le Code pénal mais demeure aussi insuffisante par rapport à ses objectifs. Ainsi, la législation luxembourgeoise permet de procéder à l’avortement dans les douze premières semaines de la grossesse:
1) si «la poursuite de la grossesse (…) risque de mettre en danger la santé physique ou psychique de la femme enceinte»
2) «lorsqu’il existe un risque sérieux que l’enfant à naître sera atteint d’une maladie grave (…)»
3) «lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol» et ceci, à condition que la femme enceinte «ait consulté un médecin gynécologue ou obstétricien, qui doit l’informer des risques médicaux que comporte l’intervention (…)».
La loi de 1978 autorise donc et rembourse l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans certaines circonstances: risque pour la santé physique ou psychique de la femme, risque de malformations physiques, altérations psychiques ou maladies graves pour l’enfant à naître, conséquence d’un viol. Cependant, en dehors du cas où la vie de la mère est en danger, le personnel médical (médecin ou auxiliaire médical) ne peut être contraint à pratiquer une IVG. L’accès libre à l’avortement n’est donc pas toujours garanti.
Il n’est en aucun cas question du choix des femmes et de plus, cette loi est «indicative», seul le médecin a le droit d’apprécier s’il y a indication légale ou non pour une IVG. Ainsi, les femmes sont dépossédées de la liberté de décision dans un domaine ayant une influence déterminante sur leur vie.
Nombreuses sont les femmes au Luxembourg qui n’ont toujours pas accès à l’interruption de grossesse dans de bonnes conditions, qui se retrouvent dans l’illégalité ou qui doivent franchir les frontières pour avorter.
…33 ans plus tard
33 ans après l’introduction de la clause restrictive des indications, la réforme qui nous est annoncée par la coalition CSV-LSAP est loin d’être révolutionnaire.
13.03.2007: Dépôt d’une proposition de loi 5701 par Lydie Err (LSAP) pour étendre le droit à l’avortement.
20.01.2010: Dépôt du projet de loi portant modification de l’article 353 du Code pénal. Le projet de loi 6103 modifie des dispositions pénales concernant l’interruption volontaire d’une grossesse par adaptation de l’article 353 du code pénal, en:
- précisant la notion de détresse sociale
- prévoyant le passage obligatoire de la femme déterminée à mettre un terme à sa grossesse par un centre de consultation et d’information familiale agréé
- maintenant la condition de résidence de trois mois
- définissant les modalités à respecter dans le cas des femmes mineures enceintes désirant pratiquer une IVG.
08.06.2011: Le Ministre de la Justice François Biltgen annonce dans une réunion de la Commission juridique de la Chambre des Député(e)s être «désaisi» du dossier et et qu'il appartient désormais aux présidents de parti du CSV et du LSAP de trouver une solution.
23.12.2011: Jean Asselborn annonce que le Gouvernement a trouvé un consensus en matière de législation de l’avortement, un consensus qui démontre ce qui pour le Gouvernement signifie l’autodétermination des femmes en l’an 2011 et illustre le rapport des forces dans la coalition.
29.02.2012: Le texte consensuel a été présenté dans la Commission juridique.