Brillant concert « Just Bernstein » présenté par le choeur de garçons 'Pueri Cantores', le Choeur de Chambre et l'Orchestre de Chambre du Conservatoire de la Ville de Luxembourg sous la baguette de Pierre Nimax jr. dimanche dernier dans le cadre du 150e anniversaire de la Chorale Schuttrange en l’église St Pierre de Schuttrange, flamboyant neuve après sa restauration.
Au programme figuraient deux œuvres spirituelles de Leonard Bernstein ( 1918-1990 ), en l’occurrence les "Chichester Psalms" et "Mass Concert Selections" – deux oeuvres religieuses d'un œcuménisme militant .
D’entrée les interprêtes - le choeur de garçons 'Pueri Cantores', le Choeur de Chambre et l'Orchestre de Chambre du Conservatoire de la Ville de Luxembourg ainsi que les solistes Olivier Demmer, soprano des Pueri Cantores, Marie-Reine Nimax-Weirig, soprano, Marc Dostert, ténor, Luc Nilles, basse, Alice Petre, harpe et Alain Wirth, orgue ont réussi à fasciner l’auditoire qui découvrait une facette moins connue de Bernstein.
Pierre Nimax Jr. menait ses chanteurs, ses solistes et ses musiciens de main de maître et faisait découvrir l’évidente qualité de ses « Pueri Cantores » qui ont charmé l’auditoire tout au long de la prestation. L’ensemble s’est démarqué par une intonation travaillée et une attitude concentrée de tous les instants, ce dont le chef d’orchestre, Pierre Nimax jun., a su amplement tirer parti. Les excellentes voix d’Olivier Demmer, de Marie-Reine Nimax-Weirig, de Marc Dostert, et de Luc Nilles contribuaient avec brillance à la réussite du concert.
Leonard Bernstein était considéré à l'époque comme le prototype de l'artiste américain. Né dans une famille juive, Leonard Bernstein était 'religieux' à sa façon. La musique religieuse de Bernstein révèle un homme préoccupé d'oecuménisme et de mysticisme mais qui ne renonce jamais à un sens théâtral inné, jugé parfois blasphématoire. 'Chichester Psalms’ est une oeuvre écrite en 1965 sur le 'Livre des Psaumes' de la Bible hébraïque. Elle a été commandée à Bernstein par Walter Hussey, doyen de la cathédrale de Chichester dans le Sussex en Angleterre pour le festival de Chichester 1965. Le texte, tiré de six paumes différents, reflète non seulement les racines juives de Bernstein, mais également, et de manière poignante, son engagement pour la paix dans le monde.
En deuxième partie du programme figuraient des extraits de « Mass ». Il s’agit là, à l’origine, d’une pièce de théâtre pour chanteurs, acteurs et danseurs qui suit exactement le déroulement d’une Messe sur lequel sont juxtaposés des interruptions et des commentaires du ‘Street Chorus’.
Cette œuvre, aux dimensions exceptionnelles, est basée en grande partie sur le texte liturgique de la Messe Romaine Tridentine (catholique), elle utilise également des textes en anglais de Bernstein et de deux compositeurs de Broadway, Stephen Schwartz et Paul Simon. Composée de 32 pièces, elle utilise un célébrant - brillamment interprété par Marc Dostert -, trois chœurs dont un d'enfants et des "acolytes". L'orchestre, très riche en percussions, comprend également un orgue électrique, une harpe, deux guitares électriques et deux batteries. Toutes les formes musicales y sont représentées, du canon à la fugue, de la comédie musicale au rock en passant par l'électronique.
Leonard Bernstein, grand admirateur du Pasteur Martin Luther King, souhaitait avec « Mass » sortir les auditeurs de leurs réserves, qu’ils ne reçoivent pas cette composition comme un simple concert mais comme une incitation à penser. C’est une palette d’une rare richesse que déploie Bernstein ici pour donner du poids à ce message de paix universelle qui ne pouvait passer que par une mosaïque de langages musicaux différents. On passe ainsi des chants simples, aux mélanges de musiques savantes et populaires, du post- romantisme au rock en passant par la comédie musicale, le blues ou le jazz mâtinés d’écriture contrapuntique (fugue, canon). On remarquera le Street Chorus qui rappelle les Swingle Singers, les solistes qui doivent passer d’un style à l’autre, les redoutables passages consacrés au Grand Choeur, les Musiques yiddish, l’intense complexité rythmique, les choeurs d’enfants comme ceux des grandes maîtrises anglaises avec des inserts modernes, les parodies des musiques savantes trop sérieuses (sérialisme), le blues, rock, gospel, swing, latino, grégorien, musique aléatoire ainsi que les clins d’œil aux chants d’oiseaux chers à Olivier Messian.
Cette messe rappelle par moments la magnifique troisième symphonie dite "Kaddish "et les "Chichester Psalms" plus souvent donnés en concert mais aussi le Bernstein génial de "West Side Story". D'immenses compositeurs de Bach à Copland en passant par Chostakovitch sont tour à tour convoqués. On y retrouve également par endroit l'esprit des œuvres aimées et admirées par Bernstein comme "Les Noces" de Stravinsky ou certaines pièces de Benjamin Britten. « Mass » connut un succès populaire aux Etats-Unis où certains morceaux comme « Simple Song » font partie des mémoires collectives sans que les américains ne sachent aujourd’hui qu’il s’agit d’un extrait ( … Almighty father , I have a dream … ) de cette œuvre « religieuse » de Bernstein .
Bref, « Mass » est une sorte "d'oeuvre d'art totale", façon Bernstein à la croisée des religions et des musiques. Pierre Nimax jr a parfaitement réussi à faire comprendre, avec maîtrise, à l’auditoire le message transmis par Leonard Bernstein.
(yn)
Au programme figuraient deux œuvres spirituelles de Leonard Bernstein ( 1918-1990 ), en l’occurrence les "Chichester Psalms" et "Mass Concert Selections" – deux oeuvres religieuses d'un œcuménisme militant .
D’entrée les interprêtes - le choeur de garçons 'Pueri Cantores', le Choeur de Chambre et l'Orchestre de Chambre du Conservatoire de la Ville de Luxembourg ainsi que les solistes Olivier Demmer, soprano des Pueri Cantores, Marie-Reine Nimax-Weirig, soprano, Marc Dostert, ténor, Luc Nilles, basse, Alice Petre, harpe et Alain Wirth, orgue ont réussi à fasciner l’auditoire qui découvrait une facette moins connue de Bernstein.
Pierre Nimax Jr. menait ses chanteurs, ses solistes et ses musiciens de main de maître et faisait découvrir l’évidente qualité de ses « Pueri Cantores » qui ont charmé l’auditoire tout au long de la prestation. L’ensemble s’est démarqué par une intonation travaillée et une attitude concentrée de tous les instants, ce dont le chef d’orchestre, Pierre Nimax jun., a su amplement tirer parti. Les excellentes voix d’Olivier Demmer, de Marie-Reine Nimax-Weirig, de Marc Dostert, et de Luc Nilles contribuaient avec brillance à la réussite du concert.
Leonard Bernstein était considéré à l'époque comme le prototype de l'artiste américain. Né dans une famille juive, Leonard Bernstein était 'religieux' à sa façon. La musique religieuse de Bernstein révèle un homme préoccupé d'oecuménisme et de mysticisme mais qui ne renonce jamais à un sens théâtral inné, jugé parfois blasphématoire. 'Chichester Psalms’ est une oeuvre écrite en 1965 sur le 'Livre des Psaumes' de la Bible hébraïque. Elle a été commandée à Bernstein par Walter Hussey, doyen de la cathédrale de Chichester dans le Sussex en Angleterre pour le festival de Chichester 1965. Le texte, tiré de six paumes différents, reflète non seulement les racines juives de Bernstein, mais également, et de manière poignante, son engagement pour la paix dans le monde.
En deuxième partie du programme figuraient des extraits de « Mass ». Il s’agit là, à l’origine, d’une pièce de théâtre pour chanteurs, acteurs et danseurs qui suit exactement le déroulement d’une Messe sur lequel sont juxtaposés des interruptions et des commentaires du ‘Street Chorus’.
Cette œuvre, aux dimensions exceptionnelles, est basée en grande partie sur le texte liturgique de la Messe Romaine Tridentine (catholique), elle utilise également des textes en anglais de Bernstein et de deux compositeurs de Broadway, Stephen Schwartz et Paul Simon. Composée de 32 pièces, elle utilise un célébrant - brillamment interprété par Marc Dostert -, trois chœurs dont un d'enfants et des "acolytes". L'orchestre, très riche en percussions, comprend également un orgue électrique, une harpe, deux guitares électriques et deux batteries. Toutes les formes musicales y sont représentées, du canon à la fugue, de la comédie musicale au rock en passant par l'électronique.
Leonard Bernstein, grand admirateur du Pasteur Martin Luther King, souhaitait avec « Mass » sortir les auditeurs de leurs réserves, qu’ils ne reçoivent pas cette composition comme un simple concert mais comme une incitation à penser. C’est une palette d’une rare richesse que déploie Bernstein ici pour donner du poids à ce message de paix universelle qui ne pouvait passer que par une mosaïque de langages musicaux différents. On passe ainsi des chants simples, aux mélanges de musiques savantes et populaires, du post- romantisme au rock en passant par la comédie musicale, le blues ou le jazz mâtinés d’écriture contrapuntique (fugue, canon). On remarquera le Street Chorus qui rappelle les Swingle Singers, les solistes qui doivent passer d’un style à l’autre, les redoutables passages consacrés au Grand Choeur, les Musiques yiddish, l’intense complexité rythmique, les choeurs d’enfants comme ceux des grandes maîtrises anglaises avec des inserts modernes, les parodies des musiques savantes trop sérieuses (sérialisme), le blues, rock, gospel, swing, latino, grégorien, musique aléatoire ainsi que les clins d’œil aux chants d’oiseaux chers à Olivier Messian.
Cette messe rappelle par moments la magnifique troisième symphonie dite "Kaddish "et les "Chichester Psalms" plus souvent donnés en concert mais aussi le Bernstein génial de "West Side Story". D'immenses compositeurs de Bach à Copland en passant par Chostakovitch sont tour à tour convoqués. On y retrouve également par endroit l'esprit des œuvres aimées et admirées par Bernstein comme "Les Noces" de Stravinsky ou certaines pièces de Benjamin Britten. « Mass » connut un succès populaire aux Etats-Unis où certains morceaux comme « Simple Song » font partie des mémoires collectives sans que les américains ne sachent aujourd’hui qu’il s’agit d’un extrait ( … Almighty father , I have a dream … ) de cette œuvre « religieuse » de Bernstein .
Bref, « Mass » est une sorte "d'oeuvre d'art totale", façon Bernstein à la croisée des religions et des musiques. Pierre Nimax jr a parfaitement réussi à faire comprendre, avec maîtrise, à l’auditoire le message transmis par Leonard Bernstein.
(yn)