Patrimoine culturel dans les localités de Hellange et Aspelt (II)

Suite et fin du résumé de la situation en matière de patrimoine culturel collectif dans la Commune de Frisange avec lumières et ombres à Hellange et Aspelt.

Heureusement à Hellange il n’y a pas que le grand voile du mystère jeté par-dessus le château d’eau, il y a aussi le fait réjouissant que l’immeuble bicentenaire de la ferme dite « a Lënstesch » a été classé Monument National par arrêté du 25.01.2010 [photo 1 - R. Neyen]. Ceci sur initiative privée de la part de la Fondation Linster-Weydert, constituée le 06.03.2009. En symbiose avec l’ULHP, l’Union Luxembourgeoise pour l’Histoire et le Patrimoine, qui installera son siège à Hellange, les premiers pas ont déjà été faits en direction de la Constitution de la Maison de l’Histoire et du Souvenir qui hébergera des collections d’objets historiques et un lieu de mémoire de la période d’occupation nazie, alors que les alentours de l’immeuble seront agrémentés d’un jardin de plantes et d’un verger à arbres fruitiers. C’est une grande chance qu’une équipe qualifiée et dynamique exogène ait pris la tutelle de ce potentiel culturel hellangeois. Il faut espérer que cette grandiose initiative puisse pleinement réussir et que par ailleurs les objectifs de l’ULHP, consistant à «proposer, activer, motiver, assister, aider, coordonner ... en matière de patrimoine historique et culturel» ne tardent pas à bourgeonner abondamment et à porter rapidement des fruits.

Et à Aspelt, qu’en est-il de la classification du château?

La procédure de sa classification a été annoncée une première fois dans le L.W le 24 avril 2006, mais elle n’a toujours pas été ratifiée à l’heure actuelle. Néanmoins la Commune lance sans sourciller des avis d’adjudication pour des travaux de remise en état du château d’Aspelt, «site classé monument historique». Incongruités administratives communales, mais soit et peu importe si les travaux ont pu commencer et suivre leur cours [photo 2 – R. Neyen]. Cette procédure de classification pourrait toutefois aboutir encore cette année, peut être pour Noël, on veut bien y croire, au Père Noël. Rien que pour la comparaison, la procédure pour la classification de la Maison de l’Histoire et du Souvenir aura duré quelque 6 mois, alors que celle pour le château d’Aspelt a traîné quelque 6 ans, ce qui en retour est encore très peu si on tient compte du fait qu’il a fallu 18 ans à la Commune pour enfin réussir les tout premiers balbutiement en matière de travaux de consolidation des bâtiments du château.

Une autre incongruité flagrante qui saute aux yeux et qui en dit long sur la dynamique des initiatives respectives, réside dans l’organisation, l’aménagement et la gérance des alentours de certains sites historiques de la Commune, très précisément la Fondation Linster-Weydert à Hellange et le château à Aspelt.

A Hellange, à peine ladite Fondation sortie des fonds baptismaux, que les responsables étaient déjà entrain de trier des idées et de concocter des plans pour arranger jardin et verger à la manière de jadis. A peine deux années plus tard, voilà que le premier pas est franchi et que des arbres fruitiers à l’ancienne sont plantés, Madame la Ministre de la Culture et Monsieur le Bourgmestre de la Commune aidant personnellement.

A Aspelt on pourrait s’attendre, comme dans d’autres localités luxembourgeoises pouvant s’enorgueillir d’un château, à un entourage soigné et accueillant autour d’un tel bâtiment. Mais à Aspelt ceci est peine tout à fait perdue pour tout visiteur, tout comme pour tous les Aspeltois, qui sont restés dans l’attente permanente mais tout à fait vaine d’un embellissement et d’une valorisation dignes du château et de la localité, ceci depuis bientôt vingt ans. En fait, la cour intérieure, de même que les alentours avec jardins, douves et vergers ont été laissés scandaleusement à l’abandon et depuis quelques années il est venu s’y ajouter un terrain vague, resté après la démolition de la maison Trommer/Mertz, comme pour vilipender méchamment le parvis de l’église [photo 3 et 4 - R. Neyen]. Et dire que sous peu ça fera vingt années que ça dure. Oui, deux longues décades sans que le propriétaire, comme la Commune aime se nommer, ait planté un seul arbre ou arbuste et sans que ce ‘bon père de famille’ ait su aménager un seul mètre carré de fleurs, démontrant par là d’une façon on ne peut plus flagrante une incapacité absolue de gérer et de prendre soin comme il se doit de ce bijou du patrimoine culturel communal! Quelle arrogance alors de s’arroger pour les élections le slogan «Wäitsiicht a Responsabilitéit»! Et quel sympathisant du château et du village pourrait alors se laisser aveugler et leurrer, de la part du trio dirigeant de la Commune, par le tout petit sparadrap qu’on aura encore réussi à mettre juste avant une cruciale échéance électorale sur les immenses lésions et blessures du château?

Oui, le patrimoine culturel s’accommode très mal d’être traité en quantité négligeable et en enfant mal aimé. Il affiche par lui-même les signes extérieurs du traitement inorganisé et incompétent, irrévérencieux et exempt d’amour qu’on lui fait subir, il suffit de regarder pour voir, dans quel cas on n’agira pas non plus de manière fortuite ou aveugle devant le bulletin électoral!

Mais quoi qu’il advienne aux élections, la prochaine liste des objets classés monuments nationaux, qui sera éditée par le Service des Sites et Monuments en 2014, devrait énumérer trois objets du patrimoine de la Commune de Frisange, à savoir l’église paroissiale de Frisange, les immeubles de la ferme « a Lënstesch » de la Fondation Linster-Weydert à Hellange, le château médiéval d’Aspelt et, si dieu le veut, la château d’eau de Hellange et pourquoi pas d’ailleurs son église?

Pour clôturer, rappelons que le patrimoine des trois villages mentionnés ne se limite évidemment pas aux exemples cités. Il y a d’autres objets, immeubles ou mobiliers, qui, sans faire l’objet d’un certificat officiel ad hoc, valent la peine d’être respectés, soignés et conservés. D’un autre côté le patrimoine tout court n’est pas exclusivement une affaire de la collectivité qui se pose en gestionnaire, non, elle est l’affaire de tout un chacun, y compris aux urnes. Qu’on se le dise, qu’on le manifeste et qu’on agisse en conséquence!

René Neyen